Est-ce le moment d’investir en bourse ?

Est-ce le moment d’investir en bourse ?

Dans cet article, nous allons expliquer pourquoi les investisseurs doivent faire preuve à la fois d’optimisme et de prudence, car il se peut que le pire soit déjà derrière nous, bien que les prochains mois seront certainement encore très volatils.



De fin 2021 à fin 2022


Fin 2021, de nombreux analystes signalaient que la flambée des bourses post-COVID était irrationnelle et que les marchés étaient devenus très surévalués. De plus, ils avertissaient que l’économie mondiale ferait faire à quatre principaux vents contraires en 2022 :

  • Le ralentissement de la reprise économique post-COVID,
  • Le resserrement monétaire des banques centrales,
  • La flambée de l’inflation,
  • Le début d’un cycle de hausse des taux d’intérêts directeurs.

Ensuite, au cours de l’année 2022, nous avons assisté aux phénomènes suivants :

  • Une croissance économique encore plus faible que prévu,
  • Des chaines d’approvisionnement encore sous tension,
  • Une Réserve fédérale qui se montre de plus en plus agressive,
  • La guerre en Ukraine, qui a provoqué un chamboulement géopolitique et une crise énergétique de grande ampleur,
  • Une inflation record qui ne finit pas de grimper, et
  • Un relèvement des taux obligataires à long-terme, avec les bons du Trésor américain à 10 ans qui frôlent 4 %, du jamais vu depuis de nombreuses années.

En plus de ces vents contraires, des pressions supplémentaires sont apparues, notamment :

  • Une forte appréciation du dollar américain, qui réduira les bénéfices des entreprises américaines fortement exposées à l’étranger,
  • Un affaiblissement de la zone euro, qui semble se diriger tout droit vers une récession (pour l’heure, la seule question est de savoir quand et pour combien de temps), et
  • Les perspectives économiques particulièrement sombres de la Chine, qui s’obstine à poursuivre sa politique zéro Covid.

Tous ces facteurs ont logiquement contracté les valuations boursières, provoquant une chute importante et continue des marchés financiers.

Maintenant qu’on approche la fin de 2022, les investisseurs se demandent su le pire est derrière nous.


Les actions sont-elles sous-évaluées ?


Comme vous le savez, depuis le 1er janvier 2022, le S&P 500 est en baisse de plus de 20% et le Nasdaq est en baisse de plus de 30%. Les autres principales bourses mondiales ont également connue des chutes importantes.

A première vue, il semblerait que les actions soient sous-évaluées.

Selon une étude publiée par l’agence de notation Morningstar, les actions américaines sont considérablement sous-évaluées et se négocient à plus de 20 % de décote par rapport à leur juste valeur.

  • Les actions de croissance sont les plus sous-évaluées, suivies par la catégorie valeur.
  • Les actions dite de « base » se négocient plus près de leur juste valeur, grâce à leur profil défensif qui a permis de limiter les pertes depuis le début de l’année.
  • Les actions à grande et moyenne capitalisation se négocient près de la valorisation globale du marché, tandis que
  • Les actions à petite capitalisation se négocient avec la plus forte décote par rapport à leur juste valeur.

Ces informations sont rassurantes, mais il ne faut pas oublier que les facteurs macroéconomiques l’emportent sur les indicateurs techniques.


Un indicateur contraire


La sous-évaluation théorique ne signifie pas que la reprise sera immédiate.

Un indicateur que beaucoup d’investisseurs suivent de près est l’indicateur Buffet, nommé après l’investisseur de légende Warren Buffet. Cet indicateur compare la capitalisation boursière du S&P 500 par rapport au PIB américain. Au 7 octobre 2022, il s’élève à 153%.

Cela signifie que la bourse est potentiellement surévaluée de 50% par rapport au PIB américain.

Ce ratio fluctue dans le temps car la valeur du marché boursier peut être très volatile, mais le PIB a tendance à croître de manière beaucoup plus prévisible. La valeur moyenne de la “ligne de tendance” du ratio est indiquée ci-dessous.

Le ratio actuel de 153 % est d’environ 20 % (ou environ 0,7 écart-type) au-dessus de la ligne de tendance historique, ce qui suggère que le marché boursier est équitablement évalué par rapport au PIB, voire légèrement surévalué, malgré la correction actuelle.

A la louche, voici comment interpréter cet indicateur :

  • 70-80% signifie que les actions son sous-évaluées.
  • 100% signale danger
  • 140%+ signale un danger extrême.

D’ailleurs,  l’indicateur Buffet était très élevé juste avant l’éclatement de la bulle Nasdaq et avant la crise financière de 2008, lorsqu’il s’élevait à 137% et 105%, respectivement. Vous remarquerez que l’indicateur était plus faible à l’époque qu’aujourd’hui, et on sait tous ce qu’il s’est passé…

Il ne faut pas prendre cet indicateur comme un signe définitif d’une crise à venir, mais retenons simplement qu’à court et moyen terme, la bourse peut rester surévaluée, mais, qu’à long-terme, les marchés reviennent tôt ou tard à leurs niveaux de valuations historiques.


Un autre avertissement


L‘indicateur semble aller dans le sens des analyses du milliardaire Ray Dalio, qui a récemment calculé que si les taux directeurs de la réserve fédérale américaine atteignent  4,5%, ce qui semble probable, la bourse chutera de 20% supplémentaires. On peut aisément appliquer ce même raisonnement aux marchés européens.

Il est important de rappeler qu’en juin, Bridgewater Associates, le hedge fund de Ray Dalio avait pris une position courte de plus de 10 milliards de dollars sur les principales valeurs européennes, donc il est convaincu que la baisse n’est pas terminée, et il a misé gros sur cet opinion.

Apparemment, il a réduit cette position à moins de un milliards de dollars, mais de nombreux analystes pensent que l’Europe va sombrer en récession, donc la baisse n’est pas forcément terminée.


Les actions sont bon marché !


Cela dit, les calculs mathématiques sont clairs : Le niveau actuel de sous-évaluation des actions est la plus grande décote par rapport aux valorisations intrinsèques à long terme réalisées par Morningstar depuis la pandémie du Covid 19.

Sur une période historique plus longue, il n’y a eu que quelques autres cas où la mesure prix/juste valeur a chuté à des niveaux similaires :

  • 2018 : Les actions ont chuté précipitamment en décembre 2018, la Fed ayant déjà resserré sa politique monétaire pendant un an et les marchés anticipaient une peur de la croissance mondiale.
  • À l’automne 2011 : La crainte que la contagion possible de la crise de la dette grecque ne se propage à d’autres pays (Portugal, Italie et Espagne) et que le risque systémique de la crise de la dette souveraine européenne ne se propage au système bancaire européen.

Bien que les conditions à court terme puissent exercer une pression sur les bénéfices à court terme, il est possible que le marché ait déjà absorbé les vents contraires cités en introduction de cette vidéo. Il est possible que le marché soit un poil trop pessimiste quant aux perspectives à long terme des valorisations des actions.


A court terme, la volatilité va régner


Cela dit, au cours des six à douze prochains mois, nous prévoyons que les marchés restent sous pression et que la volatilité restera élevée. Pour établir un plancher, les marchés auront besoin de clarté quant au moment où l’activité économique fera un rebond significatif et soutenu et de preuves que l’inflation commencera à baisser et reviendra à l’objectif de 2 % de la Fed.

Sur cette période, nous prévoyons :

  • La croissance va stagner et va accélérer aux environ du second semestre 2023,
  • La Réserve fédérale conclura sa politique de resserrement d’ici début-mi 2023
  • Les taux d’intérêt vont continuer d’augmenter à court terme, mais la majorité des augmentations a probablement déjà eu lieu
  • L’inflation pourrait bientôt commencer à se modérer, et pourrait peut-être même diminuer sensiblement en 2023.
  • Cela dit, comme évoqué dans une vidéo précédente, la Fed ne réussira pas à ramener l’inflation à 2% et devra s’accommoder d’une inflation supérieure à la normale, car de nombreux facteurs inflationnistes sont hors de son contrôle.

Ainsi, la combinaison de ces facteurs donnera à la Fed la marge de manœuvre dont elle aura besoin pour commencer à assouplir la politique monétaire d’ici la fin de 2023.


Les secteurs sous-évalués


  • Le secteur de la communication

Morningstar note que Meta Platforms (ex-Facebook) et Alphabet (Google) ont tous deux sous-performé le marché au cours du dernier trimestre. En effet, le cours des actions Meta et Alphabet ont chuté de 60% et 30% depuis le 1er janvier, respectivement.

Ces mauvaises performances ont contribué à pousser le secteur des communications encore plus profondément dans un territoire sous-évalué. Pourtant, même en excluant ces deux actions, Morningstar constate beaucoup d’opportunités dans le secteur des médias et de communication traditionnelles. Par exemple, le cours de l’action AT&T est au plus bas depuis près de 10 ans.

Notons que de nombreuses entreprises des médias sont en train de créer leurs propres services de streaming, et le marché a été particulièrement pessimiste quant à leurs perspectives à long terme. Le cours de ces sociétés devrait repartir à la hausse une fois que la situation macroéconomique se stabilise.

  • L’immobilier

La plus forte baisse du rapport prix/juste valeur ce trimestre s’est produite dans le secteur de l’immobilier, car l’impact de la hausse des taux d’intérêt a fait des ravages sur les valeurs liquidatives.

Cela dit, la demande reste forte et les propriétaires d’immeubles continuent de récolter leurs loyers. En somme, aucune raison de paniquer pour l’instant.

  • L’énergie

La deuxième baisse la plus importante du rapport prix/juste valeur a été enregistrée dans le secteur de l’énergie. Les prix du pétrole ont culminé début juin et ont généralement suivi une tendance à la baisse. Les valeurs énergétiques ont emboîté le pas et ont chuté précipitamment en septembre. Suite à ce recul, le prix/juste valeur est tombé à 0,91 contre 0,99 au dernier trimestre.

Vu la récente décision de l’OPEP de réduire la production de pétrole pour maintenir le prix du baril aux alentours de $90-$100, le secteur de l’énergie devrait continuer à bien performer au cours des mois à venir.

  • Les valeurs défensives

Enfin, de manière générale, les secteurs défensifs ont relativement bien résisté cette année et se négocient plus près de la juste valeur, les entreprises impliquées dans les services essentiels (électricité, gestion des ressources, etc) penchant légèrement vers le côté surévalué.

Par exemple, l’action Waste Management – entreprise de gestion des déchets – est en baisse de seulement 4,61% depuis le 1er janvier.

Cela dit, si l’inflation commence à se modérer, ces entreprises feraient parti de celles qui pourraient être les plus négativement affectées.


Que faire ?


Dans ces types d’environnement, il est particulièrement important de suivre une stratégie définie à l’avant qui tient compte de vos objectifs de placement à long terme et de votre tolérance au risque.

Ce plan doit également prévoir un rééquilibrage périodique pour augmenter les allocations d’actions lorsque les valorisations baissent, mais également réduire l’exposition lorsque les valorisations deviennent excessives.

Sur la base de notre opinion selon laquelle le marché boursier américain est sous-évalué, nous pensons que ce n’est pas le moment de réduire les expositions aux actions, mais d’en ajouter judicieusement, en particulier dans les sociétés avec de avantages compétitifs majeurs, en fonction de votre plan et de vos objectifs d’investissement.


Tim Bandou

Tim Bandou

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