Votre smartphone nuit-il à la performance de votre portefeuille ?

Votre smartphone nuit-il à la performance de votre portefeuille ?


Une étude récente suggère que nous devrions éviter d’utiliser nos smartphones pour investir. Selon elle, utiliser un smartphone augmente la probabilité de prendre des risques excessifs et d’investir  de manière impulsive, sans effectuer de recherches approfondies.

Dans cet article, je vais vous expliquer pourquoi l’utilisation d’un smartphone peut vous empêcher d’atteindre vos objectifs financiers.


L’investissement en temps réel


Qui ne possède pas de smartphone ?

En 2022, l’institut Statista estime que 80% de la population mondiale utilise un smartphone, une augmentation de 50% en 5 ans seulement, puisqu’en 2016, seulement 50% de la population mondiale en utilisait.

Il est difficile de dire que les smartphone ne présentent aucun avantage : Ils permettent bien sur de recevoir et passer des coups de fil urgents, mais aussi de consulter ses emails, suivi les actualités du monde entier, jouer à des jeux, utiliser diverses applications, ou encore d’utiliser les réseaux sociaux.

Le monde de l’investissement s’invite aussi dans nos mobiles, puisque de plus en plus d’institutions financières nous encouragent à  « télécharger [leur] application gratuite » afin de pouvoir investir en toute simplicité, quand on veut et ou on veut, de manière instantanée et souvent gratuitement.

Bien que les smartphone soient très pratiques, il est très important de comprendre l’impact qu’ils peuvent avoir sur nos prises de décisions.


Smartphone vs ordinateur portable


Entre 2010-2017, une équipe de chercheurs du National Bureau of Economic Research de Cambridge, au Massachussetts, a mené une enquête auprès de 15 mille investisseurs particuliers, clients de deux grandes banques allemandes, afin d’analyser les différences entre les transactions exécutées sur un smartphone et celles effectuées sur un ordinateur personnel.

La conclusion de l’étude est claire : « En comparant les trades effectués par le même investisseur au cours du même mois sur leur smartphone et leur ordinateur, nous constatons que les traders qui utilisent un smartphone achètent des actifs plus risqués, cherchent une volatilité plus importante, des investissements dont le cours flambe rapidement, et des actifs de type ‘lotterie’. De plus, les investisseurs qui utilisent un smartphone sont plus nombreux à acheter des actifs qui affichent d’excellentes performances passées ».

De plus, les chercheurs notent que « suite à l’utilisation de smartphones, les investisseurs reproduisent le même schéma lorsqu’ils investissent sur leur ordinateurs portables ».

Comment expliquer que l’utilisation d’un smartphone génère un comportement différent de l’utilisation d’un ordinateur portable ?  

Pour répondre à cette question, il faut se tourner vers le domaine de la psychologie.


Une attention constante peut se retourner contre vous


Depuis quelques années, quasiment toutes les institutions financières proposent des applications très intuitives et faciles d’accès, qui permettent d’investir dans n’importe quelle classe d’actifs ou marché boursier.

De manière générale, l’investissement est accessible à tous, peu importe le budget initial, nous sommes bombardés d’informations financières, de marketing et des opinions des « influenceurs » des réseaux sociaux.

Cela créé une épée à double tranchant.

D’une part, la démocratisation de l’investissement et la réduction des barrières à l’entrée est une excellente chose : Monsieur et Madame Tout le Monde peuvent investir sans devoir faire appel à un courtier qui facture des frais exorbitants.

Mais, d’un autre côté, ces plateformes encouragent les investisseurs à injecter leur argent sans formation préalable. Malheureusement, ce manque d’éducation financière peut avoir pour conséquence des raisonnement erronés, des prises de décisions hâtives ou irrationnelles, un manque de recul vis-à-vis des subtilités des marchés financiers, une mauvaise appréciation du risque, et donc finalement une recherche de rendements rapides et conséquents.

L’illustration parfaite de cercle vicieux sont les actions ‘meme’, qui flambent, génèrent de l’euphorie, permettent à certains chanceux de gagner gros, mais finit par ruiner la grande majorité des investisseurs qui ont sauté dans le train. On entend beaucoup parler des ces actions quand elles montent en flèche, mais ensuite c’est silence radio lorsque la tendance s’inverse.


Facile =/= Mieux ?


En fait, les applications pour smartphone contribuent surtout à brouiller la distinction entre investissement et trading. Puisqu’on peut acheter et vendre des actifs à tout moment, et gratuitement, on a bien du mal à résister à cette tentation.

Jadis, on découvrait des idées d’investissements en lisant le journal ou en discutant avec un professionnel de la finance. Si on voulait acheter un actif, on envoyait une lettre à son courtier pour placer un ordre d’achat, on payait cher pour bénéficier de ce service, on attendait plusieurs jours que l’ordre passe, et on attendait encore plus longtemps pour espérer réaliser des gains. Bien que la spéculation existait, la lenteur du système encourageaient les investisseurs particuliers à cultiver l’art de la patience.

Aujourd’hui, la situation s’est inversée : A 9h, un apprenti trader découvre une action intéressante en lisant un article de presse sur la page d’accueil de son navigateur ou en consultant Twitter, il envisage immédiatement une stratégie de trading pour réaliser un gain rapide, il ouvre son application de courtage et clique sur « acheter ».

S’il n’obtient pas satisfaction, il clique immédiatement sur « vendre » et l’affaire est pliée.

Qui d’entre nous n’a jamais suivi ce schéma ?


La tentation


Une autre raison qui explique pourquoi les smartphone encouragent les comportements impulsifs est le fait que nous les avons toujours sur nous.

Le fait que nous avons toujours un smartphone à portée de main signifie que nous sommes tentés de regarder notre compte, de « corriger » nos décisions peu après les avoir prises, à suivre les dernières tendances par peur de rater le train (la fameuse FOMO), et à croire que le trading est une activité facile. Nos smartphones facilitent le trading peut et nous incitent à prendre des décisions instinctives, alors que les décisions d’investissement devraient davantage dépendre d’un examen attentif et d’une analyse fondamentale.

Au contraire, les ordinateurs portables ne sont pas accessibles en continu, ce qui veut dire qu’on bénéficie de plus de temps entre l’idée et l’exécution, ce qui encourage la réflexion et donc les décisions réfléchies.


Système 1, Système 2


Malheureusement, cette destruction des barrières à l’entrée favorise la pensée du « système 1 ».

La pensée du système 1 vient du livre Système 1, Système 2 : Les deux vitesses de la pensée publiée en 2011 par Daniel Kahneman, un psychologue et économiste israélo-américain, professeur à l’université de Princeton et lauréat du prix dit Nobel d’économie en 2002, récompensée pour ses travaux fondateurs en finance comportementale.

La pensée du système 1 fait référence à la «réflexion rapide» de notre esprit qui repose sur des règles empiriques et des raccourcis mentaux. Par conséquent, la pensée système 1 est plus impulsive, émotive et rapide, ce qui peut causer de sérieux ennuis lors des prises de décisions financières.

Au contraire, la pensée système 2, qui consiste à réfléchir, prendre son temps et appliquer des raisonnement logiques, est clairement celle qui faut favoriser lorsqu’il en vient aux prises de décisions financières.

Malheureusement, la culture de l’instant cultivée par les smartphone privilégie la pensée système 1.


Faut-il éviter nos smartphones ?


Les recherches suggèrent que nous ne prenons pas toujours les meilleures décisions d’investissement lorsque nous effectuons des transactions à l’aide de nos smartphones.

Cela dit, chacun est différent, et peut-être que certains d’entre vous parviennent à résister à la tentation d’acheter un nouvel actif “tendance” dès que vous le voyez dans les médias.

Malheureusement, tout le monde n’a pas cette discipline, et la grande majorité d’entre nous devraient  favoriser la prise de décision financière depuis un ordinateur de bureau.


Tim Bandou

Tim Bandou

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